SHU, certes, mais quel SHU ???
Nous savons en effet que chacun des mots chinois a une multitude de significations, que les 4 accentuations en modifient le sens, mais pas seulement !
Un mot accentué d’une façon peut lui-même avoir de multiples significations, qui seront dévoilées à l’observation des idéogrammes chinois.
Les idéogrammes peuvent nous en dire long, si on arrive à les décrypter…
Notre écriture occidentale, faite de signes successifs (les lettres) dont l’agencement, s’il est correct, donne un sens aux mots, exige une succession de plusieurs mots pour exprimer une pensée.
C’est comme une marche faite de pas successifs, et qui dessine le chemin que nous découvrons petit à petit : la phrase, le texte.
C’est l’état d’esprit du nomade… Les occidentaux sont traditionnellement de grands voyageurs, des « civilisateurs », d’infatigables conquérants…
L’écriture chinoise est constituée de petits tableaux, les idéogrammes, où sont contenus tous les éléments qui permettent de saisir l’ensemble du message à comprendre. C’est comme un état des lieux, un coup d’œil global d’un observateur immobile.
C’est l’état d’esprit du sédentaire… Les chinois sont traditionnellement un peuple de paysans attachés à leur terre, observant et respectant l’ordre immuable dont le message est délivré à chacun ici et maintenant…
Et si nous regardions par exemple un des aspects de ce terme Shu, très souvent employé en Médecine Chinoise ?
Il peut donc s’écrire en pinyin : Shú, Shù, Shǔ ou Shū.
Les points que nous nommons : Shu du dos, se prononcent en pinyin : Bēi Shū, et se dessinent : 背 輸.
La graphie moderne de ce Shu-là est : 输
Cet idéogramme Shū 輸 a le sens de transporter ou de perdre. Il porte l’idée de mouvement. Il est contenu dans les mots traduisant par exemple « sortie » ou « entrée », « perfusion » ou « conduit », « transmettre » ou « infuser, inculquer ».
Il est composé de 2 signes, le 1er étant : 車 (graphie moderne 车) et signifiant « véhicule, char ».
Ce dessin stylisé représente, vu du dessus, un véhicule composé d’une caisse au centre, un essieu (vertical) et une roue de chaque côté, en haut et en bas sur le dessin.
On peut supposer que les points dont les noms comportent l’idéogramme Shū 輸, et ils sont nombreux, impliquent une idée de mouvement, de transmission.
Le rôle de nos points Bēi Shū serait-il donc d’ouvrir une porte d’accès aux différentes fonctions du corps, et, lorsqu’ils sont stimulés, de transporter des informations dirigées spécifiquement vers chacune de ces dynamiques fonctionnelles ?
Les 5 points antiques s’appellent Wǔ Shū, ce qui se dessine : 五輸.
On pourrait traduire ces deux idéogrammes par les « 5 transports » ou les « 5 conduits ».
Leurs 5 petits noms sont très explicites : puits, source, rivière, fleuve, mer…
L’eau et sa sortie par le puits ou par la source, et ses cours, lieux privilégiés de mouvements sur notre terre, lieux largement utilisés depuis la nuit des temps pour favoriser les transports et les échanges…
Ça se complique lorsque l’on observe que le VB27 s’appelle aussi Wǔ Shū, mais que ce même Shū se dessine d’une autre façon : 枢 !
C’est une autre histoire, et c’est pour une autre fois…
Mani Burband, enseignante au CATC